L’INACCESSIBILITÉ, PLUS INVALIDANTE QUE LE HANDICAP

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Et l’accessibilité au Cameroun? Ça ne doit pas être évident .

Ce n’est rien de la dire ! Une fois handicapée, je me suis vite rendu compte, que certains droits ne sont plus acquis, que bien des choses ne sont plus accessibles. En cause, des facteurs limitants qui concourent à différents types d’inaccessibilité.

I- L’inaccessibilité culturelle

On va procéder par une définition par antagonisme. Certains définissent l’accessibilité culturelle comme l’accès aux œuvres culturelles. Moi j’y vois tout ce à quoi j’ai accès parce que, déjà, je « sais » : que ça existe, que c’est possible, que j’y ai droit. Seulement après, je peux voir comment y entrer en possession de manière effective.

La connaissance et le bon mindset ouvrent un large champ de possibles ; agrandissent considérablement notre marge de manœuvre. Alors, la plus grande limite, au-delà de la déficience se trouve dans l’esprit. Quelle improductivité que de ne pas enseigner à un enfant handi que ça existe, que c’est possible, qu’il peut, qu’il doit… La confiance en soi, la culture, la connaissance : de précieux atouts. Se renseigner, s’informer, s’éduquer, sentir sa différence pour mieux la saisir, se l’approprier et l’exploiter efficacement… L’école de la vie et l’école tout court… voilà qui nous permet de pousser bien des portes qui sont entrefermées, mais pas verrouillées.

La jarre fêlée éducation handicap et accessibilité culturelle

II- L’inaccessibilité géographique et infra structurelle

Elle est de loin l’inaccessibilité la plus probante. Elle crève les yeux. Je parle de cette zone que je ne visiterai jamais, car trop enclavée ; ce lave-main ou ce miroir que je n’attendrai jamais, car trop élevé ; cette porte que je ne passerai jamais, car trop étroite ; cette salle que je n’atteindrai jamais, plus à cause de l’absence d’une rampe ou d’un ascenseur, qu’à cause de la présence des marches ou des escaliers…

Les exemples sont légion. Ils le sont davantage quand nous ne sommes pas véhiculés ; et pire encore quand nous menons une vie modeste, en zone rurale ou dans un quartier malfamé d’un pays sous-développé. Ce serait déjà bien de respecter les normes de construction et d’élargir les portes de 10 centimètres.

Wheelchair and stairs, vector

III- Inaccessibilité financière

Comme je le disais plus haut : compliqué de vivre son handicap quand on est peu nanti. Il va de soi que plus on est haut perché sur la pyramide de Maslow moins le handicap est invalidant. Il est souvent dit « n’est pas riche celui qui possède beaucoup, mais celui qui peut se passer de beaucoup ». Pauvre de tous ceux qui n’ont pas beaucoup et qui en plus, ne peuvent se passer que de peu, car le handicap requiert souvent beaucoup.

Même s’il y a des infrastructures, encore faudrait-il avoir les moyens de sa mobilité… Même s’il y a des sons encore faudrait-il s’offrir un appareillage pour les écouter… Même s’il y a tout un monde à portée de clic, encore faudrait avoir un écran pour s’y plonger… Combien ma logistique peut me coûter !😤

Je me demande comment font les moins bien lotis que moi… Les allocations pourraient au moins permettre à certains, surtout aux indigents, de s’offrir un minimum de confort ; aux lourdement handicapées, un minimum d’autonomie ; aux affligés un minimum de consolation ; aux amochés de la vie, un minimum de dignité.

Inacessibilité financière la jarre fêlée

IV- Moi, face à l’inaccessibilité

Heureusement, mon handicap n’est pas assez invalidant pour me tenir à l’écart de la culture. Alors je jouis de cette accessibilité culturelle, quoique parfois précaire. Je m’en sers pour me donner les moyens de gagner un jour assez de blé pour pouvoir atteindre ce qui semble inaccessible en fauteuil, mais accessible par le biais de billets de banque.

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En gros, dans mon pays, comme dans tout pays en crise, l’inaccessibilité est une réalité indéniable. En attendant que plus de portes s’ouvrent : je franchis les rares qui le sont déjà ; je pousse celles qui ne le sont pas encore ; parfois j’en force quelques-unes avec l’aide de mes porteurs ; et autant que possible je les laisse ouvertes pour ceux qui me suivront. Bien des fois, je chiale de frustration et d’impuissance. Mais jamais assez longtemps pour ne plus profiter de ce qui est à portée de mon fauteuil roulant.

Businesswoman with spinal cord injury in a wheelchair entering office

Dédicace : À tous ceux confrontés à une inaccessibilité si grande qu’ils deviennent eux-eu même inaccessibles, recensés nulle part car invisibles … Une minute de silence pour ces jarres fêlées oubliées !

Et vous, à quoi n’avez-vous pas eu accès qui vous a vraiment frustré ?

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